Depuis la sortie du livre de Camille Kouchner, « La familia grande», il y a tout de même des expressions qu’il faudrait apprendre à cesser de sortir à tout bout de chant.
Bon, OK, en l’occurrence, c’était son beau-père. Mais avouez que ce n’est pas nous qui avons commencé à parler du budget municipal comme d’un budget familial.
Alors filons (la métaphore) sans Fillon (autre famille formidable) tandis que Pénélope file à nos frais.
En vérité, dans une famille comme dans une ville, il ne s’agit pas de dire publiquement qu’on agit “en bon père de famille” pour que la magie de l’incantation donne tort à la rudesse des faits.
L’expression est d’ailleurs désuète. Comme l’ont fort bien rappelé les élu.e.s du groupe “Agir pour l’avenir”, l’expression “en bon père de famille” a disparu du Code Civil depuis 2014 et le vote de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. La loi ne fait donc plus mention de cette expression sexiste qui attribue au “chef de famille” (autre expression disparue du Code Civil depuis 1982) le monopole de toutes les vertus domestiques. On parle désormais d’user “raisonnablement” de l’appartement qu’on loue, de jouir “raisonnablement” de son droit d’habitation, etc. Au Québec, on parle désormais d’ “administrateur prudent et diligent” en lieu et place de l’expression “bon père de famille”.
Les juristes ont pourtant longtemps employé cette expression tirée du latinisme “bonus pater familias”. Ahhh le pater familias ! Le modèle romain du père de famille ! Souvenez-vous, dans l’Antiquité, il avait droit de vie et de mort sur sa femme, ses enfants et ses esclaves. Pourtant, aujourd’hui vous avez encore des hommes qui défendent sérieusement l’usage juridique et politique de cette expression… Quel est leur modèle ?
Aujourd’hui, la société considère plutôt qu’un bon père ou une bonne mère est une personne qui est capable de protéger ses enfants, de bien les élever et de nouer des liens affectifs sains et solides avec eux. Une tâche difficile et une mission à part entière qui ne sont la prérogative d’aucun genre.